Projet 334 - Schaerbeek (Belgique)

Une imagibilité renforcée au cœur de Schaerbeek

Nous, acteurs et bâtisseurs d’un urbanisme qui évolue en permanence, sommes les créateurs de nouvelles images en ville. Ces images forment les paysages urbains qui doivent, dans une certaine mesure, rassurer émotionnellement les visiteurs grâce aux repères identifiables qu’elles établissent. Dans ce sujet, les connexions et les continuités d’éléments urbains, dans une certaine limite géographique bien définie, apportent des repères forts qui rassurent les visiteurs. La force d’un repère dépendra de la qualité de l’image introduite par les concepteurs; la qualité d’une image provient, de même, de ses caractéristiques originales qui la rendent unique.

Selon l’étude menée par Kevin Lynch, les repères qualitatifs en ville formeraient une certaine imagibilité collective bénéfique pour les visiteurs. L’imagibilité sensorielle est définie par des symboles clairement identifiables grâce à leurs formes et à leurs originalités. Ces caractéristiques permettront aux individus et aux différents groupes sociaux de mieux s’approprier l’espace urbain, en leur définissant une signification émotive et affective. De par ce concept, en créant un certain confort émotionnel, incluant une image qualitative, renforcer les repères permet également d’accroître la popularité d’un lieu. Le potentiel architectural, les facilités de mobilité et l’intégration d’un certain cadre hédoniste mettent souvent les régions, les villes ou les quartiers en compétition en terme d’attractivité et de performance économique. Afin de renforcer l’attractivité et l’activité économique d’un lieu ou d’une rue telle que l’Avenue Royale, comme c’est le cas dans ce projet, il est souvent nécessaire de faire preuve d’investissement dans l’espace urbain (renouvellement urbain, revitalisation, rénovation) afin d’attirer différents investisseurs qui pourraient eux-mêmes participer avec leurs fonds propres à faire évoluer la vie économique d’un lieu, d’un quartier ou d’une rue.

Dans ce projet que nous exposons, plusieurs éléments permettent de renforcer l’imagibilité de l’Avenue royale. Le calepinage ainsi que les couleurs des matériaux choisis permettent de faire un rappel fortement identifiable à l’imposante maison communale de la place Colignon, bâtie de briques rouges et de pierres bleues, dans les limites définies correspondant au cœur de la commune de Schaerbeek. La mise en valeur des façades, grâce à une disposition minimaliste du végétal dans l’avenue, permet de mettre en avant l’architecture si caractéristique et originale, et de conserver le renforcement de la perspective axiale historique de l’Avenue royale.  Des arbres de première grandeur viennent s’intégrer au paysage depuis la Place Lehon, en perpendiculaire de l’Avenue royale jusqu’au parc Josaphat, afin de marquer une connexion végétale évidente pour tous. Ce contraste nous offre un repère directionnel vers le parc qui nous donne également une indication de proximité. La voie partagée avec une piste cyclable et une bande de roulement en sens unique (Zone 30km) permet principalement aux piétons et aux commerçants de s’approprier d’avantage les espaces (ex: l’installation régulière dans l’avenue des différentes activités commerciales déjà présentes « Marché découverte de l’Avenue royale »).

L’écologie en ville

Favoriser la biodiversité entre dans l’un des concepts-clefs du développement durable. Aujourd’hui l’écologie, l’économie et la sociologie qui forment le développement durable, sont au centre de tous les débats. Dans ce projet d’aménagement, la plantation d’arbres apporte plusieurs services environnementaux. Les essences plantées, arbres et arbustes, favorisent l’habitat des oiseaux en ville qui ont leur importance. L’oiseau, premier indicateur de biodiversité en ville, se trouve au plus haut des chaines trophiques et nous informe par sa présence plus ou moins marquée de la richesse faunistique de la ville. Cet indicateur est primordial pour faire avancer la richesse écologique. De plus, l’oiseau permet de réguler la faune par son mode d’alimentation. Les arbres, arbustes et espaces verts proposés dans cet aménagement, permettent également de réguler la température grâce à la restitution de chaleur générée par le mouvement respiratoire de la végétation (transpiration, évapo-transpiration). Planter des arbres participe à l’élaboration d’un cadre hédoniste environnemental de qualité. Ces différents cadres nous aident à lutter contre l’étalement urbain qui s’élargit progressivement, laissant toujours moins de place à la nature.

Source :
https://www.jardinsdefrance.org/wp-content/uploads/jdf-medias/images/JdF627/jdf627_les_oiseaux_et_les_couloirs_de_biodiversite.pdf

La Voie partagée en ville

La voie partagée a vu son début aux Pays-Bas avec le concept du Woonerf en zone d’habitation et le Winkelerven en zone commerciale. Ce nouveau principe consiste à supprimer toutes marques de ségrégation des modes de déplacement afin de créer un certain apaisement de la circulation où le piéton reste prioritaire sur l’entièreté d’une voie de circulation. Appelé également « zone de rencontre », ce nouveau principe permet de manière stratégique, d’étendre la zone de déambulation afin que la vie locale s’ancre d’avantage dans le quartier; la rue devient un espace de vie, à part entière, où les automobilistes n’ont plus la priorité.

Afin de redynamiser la vie sociale et le commerce dans le cœur du quartier de Schaerbeek, je propose une adaptation de la voie partagée entre la place Colignon et la place Lehon. L’Avenue royale est un lieu de transit important durant les heures de pointe et un axe droit qui favorise davantage l’accélération des automobilistes; celle-ci nécessite certains repères au sol afin de créer des zones de confort sécuritaires universelles satisfaisantes dans la zone de rencontre. Les automobilistes et les transports en commun tels que les bus seront dirigés par des lignes de pierre bleue, intégrées dans le jeu de calepinage de part et d’autre de la bande de roulement ainsi qu’un caniveau central. Pour minimiser la circulation, le sens sera unique est présentera une simple bande de roulement.

Les cyclistes seront dirigés par une piste de couleur rouge, encadrée par des bandes de pierre bleue identiques à celles qui sont utilisées pour marquer la bande de roulement des automobilistes. Les utilisateurs sont invités à déambuler dans l’entièreté de la voie grâce à un espace construit de plain-pied où aucunes bordures n’est présentes pour leurs imposer des limites. Une zone de confort piétonne s’organise de part et d’autre de la bande de roulement grâce au jeu de calepinage de couleur principalement rouge (porphyre). Enfin, plusieurs éléments de mobilier urbain ainsi que les plantations permettent de diriger davantage la circulation des automobilistes dans tout le projet.

Sources :
IBSR:
http://webshop.ibsr.be/frontend/files/products/pdf/b07bcd226b21a95f3253030784590e02/web_2013_zr_fr.pdf

Collectivités viables : http://collectivitesviables.org/articles/rue-partagee.aspx

Des places polyvalentes

La place polyvalente en milieu urbain est intéressante car elle fait souvent naître en son lieu une multitude d’interactions sociales qui peuvent être très bénéfiques pour un quartier. Ce concept qui offre un véritable milieu de vie aux habitants crée des interactions sociales fortes entre les citoyens. L’appropriation du quartier, le vivre ensemble et la mixité se voient renforcés au gré des activités organisées sur ces places polyvalentes, comme nous pouvons le constater sur la grand’place de Louvain-La-Neuve (les plages éphémères en juillet) ou encore, la place Flagey avec ses marchés et autres activités organisées de manière ponctuelle.

Dans ce projet, en association avec les voies de zones de rencontre, je propose deux places polyvalentes représentées en coupe (Place Colignon et place Lehon) qui se contrastent fortement avec des plaines verdoyants qui marquent la proximité du Parc Josaphat et le vide minimaliste et minéral qui cherche à marquer ses repères en mettant en avant l’architecture des façades.